"Mon enfant s'ennuie", "mon enfant ne sait pas jouer seul"
L’intérêt porté aux enfants, à leur éducation, à leur épanouissement est aujourd’hui grandissant. Les recherches scientifiques fleurissent et les connaissances en matière éducatives sont à la portée de tous.
Nous stimulons parfois trop nos enfants, visant insidieusement la réussite et la performance à tout prix. Ainsi, le risque de la sur-stimulation et de ses conséquences comme l'ennui ou ne pas savoir être seul, s'accroît.
« Mon enfant s’ennuie », « Mon enfant ne sait pas jouer seul »
sont des phrases de plus en plus entendues qui pourraient bien être liées à ce contexte nouveau.
Voici quelques conseils concernant l'ennui et l'incapacité de jouer seul:
1. La chambre de l’enfant est un environnement souvent surchargé.
L’enfant a besoin d’évoluer dans un environnement « ordonné » comme l'a dit Maria Montessori.
En effet, un espace organisé favorise l’intérêt et la curiosité de l’enfant. Chaque objet doit avoir une place. A l’inverse, une chambre surchargée n’incitera pas l’enfant à jouer.
Vous vous entendrez dire:
« Tu ne sais pas quoi faire ? mais tu as plein de jouets ! »
L’ordre et la simplicité stimulent bien plus la curiosité, l’imaginaire et la créativité de l’enfant.
Un enfant qui voit UN objet sur un tapis va s’y intéresser, alors qu'il se détournera d’une multitude désorganisée de jouets.
Aussi, il jouera plus aisément avec une bouteille et un carton qu’avec des jouets sophistiqués et trop complets qui suscitent moins la manipulation sensorielle et la découverte.
Trier, organiser, aérer son espace.
Vous pouvez par exemple mettre de côté les jouets qu’il n’utilise pas, il sera bien plus curieux de ceux qui restent.
Ranger les jouets en les triant par catégories (voitures, cubes, poupées...) et les indiquer à l'enfant.
2. « Montrer à l’enfant » comment jouer permet de susciter son désir de poursuivre, répéter, puis réinventer seul le jeu.
Montrer à l’enfant comment commencer à construire une tour de cubes lui donnera envie de la continuer seul.
Montrer comment instaurer un dialogue imaginaire entre des poupées, l’incitera à poursuivre leurs échanges.
« Montrer » signifie ici « impulser l’envie ». Ensuite, il est important de laisser l’enfant faire seul.
3. Ne pas chercher à « occuper » sans cesse l’enfant.
Surcharger l’enfant d’activités, de stimulations diverses et variées ne lui donnent pas la possibilité de choisir, imaginer et chercher lui même une activité.
4. Le laisser expérimenter l’ennui, le « rien faire » lui permet de développer sa capacité à « penser ».
Ne rien « faire » pour « penser ».
Il est important que l’enfant ait ces moments de vide pour ressentir, et observer son environnement.
Il apprend aussi beaucoup par le « feed back ».
Expérimenter des moments de solitude favorise cela.
Lorsqu’il ne fait plus de sieste, instaurer un « temps calme » lui offre cet espace de « rien » qui stimule sa capacité à penser. Il prend peu à peu plaisir à cela et ne trouve plus cela « ennuyeux ».
5. Proposer des jeux de créativité manuelle, comme la poterie, la pâte à sel, la peinture, le dessin. Ces jeux offrent la matière première mais l’enfant est acteur de ce qu’il va en faire. Il est libre de s'exprimer.
6. L’enfant qui s’ennuie a besoin qu’on l’aide à trouver du plaisir dans l’autonomie. Lui signifier qu’il est capable de faire seul et le gratifier lorsqu’il réussit seul, l’encourage dans cette voie.
7. La Nature est un terrain de jeu efficace contre l’ennui.
Dans la Nature tout est à la portée de l’enfant pour éveiller et satisfaire sa curiosité sans le surcharger de stimulations inutiles.
Tous ses sens peuvent être mis à contribution :
-l’odorat : sentir les fleurs, la terre…
-l’ouïe : écouter le vent dans les arbres, le chant des oiseaux…
-la vue : observer le sol, le ciel…
-le toucher : toucher des matières duveteuses, rugueuses…
-le goût : manger des mûres…
Dans cet environnement l’enfant peut véritablement être « acteur ». Il ne fait pas que « recevoir » des informations, il exerce un mouvement « d’aller vers » ; de découverte.
Vous pouvez initier des jeux qui susciteront ensuite son envie de découvrir seul, car il y aura pris plaisir.
Par exemple, remplir une boîte aux trésors avec divers éléments de la forêt (mousse, glands, brindilles...).
Vous impulsez le jeu, il prend plaisir, il veut faire seul pour découvrir encore.
8. Eviter les jeux d'écran.
Trop d’écran n’encourage pas l’enfant à s’intéresser davantage à son environnement et le met en position statique.
9. Il est nécessaire de s’assurer aussi que l’ennui n’est pas l’expression d’un mal être. Parfois, l’enfant préoccupé par ses soucis, ne peut investir le jeu et se met en retrait, ou au contraire réclame de n’être jamais seul.
Votre rôle sera d’initier l’enfant à la découverte en suscitant son désir mais sans faire à sa place. L’enfant qui s’ennuie a souvent une soif de découverte inassouvie, un besoin de trouver davantage de plaisir et de satisfaction dans l’autonomie et un imaginaire qui ne demande qu’à s’exprimer.
Lui offrir un environnement adapté à ses besoins lui permettra de s’épanouir davantage.