Les blessures invisibles du harcèlement scolaire.

Moqueries banalisées, petites réflexions, exclusions subtiles...des gestes anodins mais qui, répétés, pèsent lourds. Sans bruit, le harcèlement grignote peu à peu la confiance et le bien être de l'enfant, jusqu'à ce qu'il doute de lui même et se sente prisonnier d'un cercle dont il ne sait plus comment sortir. Alors, comment prévenir ces actes et comment aider l'enfant harcelé ?

Le harcèlement scolaire est un phénomène préoccupant qui touche de nombreux enfants. Selon une étude menée par l'ifop en 2023, 19% des collégiens et lycéens en France, déclarent avoir été victimes de violences répétées. 60% des actes surviennent en classe, à la cantine, ou lors des activités sportives, soulignant l'importance d'une vigilance accrue au sein des établissements.

1. Qu'est-ce que le harcèlement scolaire ?

   
   

Le harcèlement scolaire, c’est lorsqu’un enfant est régulièrement victime de violences qu'elles soient physiques, verbales ou émotionnelles de la part de ses camarades.

Cela peut prendre la forme de moqueries, d'insultes, de coups, d’exclusion ou encore de cyberharcèlement.

Le harcèlement est répétitif et s’inscrit souvent dans la durée, créant ainsi un environnement toxique pour l’enfant concerné.

Les signes du harcèlement scolaire sont parfois discrets et difficiles à repérer, car ils se manifestent au début par de petits changements dans le comportement de l'enfant : repli sur soi, baisse des résultats scolaires, troubles du sommeil, perte d'appétit...

Il est donc primordial d'ouvrir le dialogue précocement avec l'enfant et/ou de communiquer avec les responsables scolaires sans attendre que les signes s'intensifient. Ces signes ne sont évidemment pas uniquement ceux du harcélement, il faut donc être attentif à d'autres sources de mal être.

2. Quels sont les effets du harcèlement sur la santé mentale de l'enfant ?

• L'anxiété et la dépression :

  
  

L'un des effets les plus fréquents du harcèlement scolaire est l'apparition de troubles anxieux et dépressifs. Un enfant peut développer une peur constante d'aller à l'école, craignant d’être encore une fois humilié ou agressé. Cela peut entraîner des troubles du sommeil, des maux de ventre ou de tête, et une irritabilité accrue. L'anxiété peut devenir si forte qu'elle se transforme en dépression, avec des signes comme un repli sur soi, une perte d'intérêt pour les activités habituelles et un sentiment d'inutilité.

• Baisse de l'estime de soi :

  
  

Les enfants qui sont constamment moqués ou maltraités commencent à se percevoir comme inférieurs, moins dignes d'amour et d’attention. Cela peut nuire à leur confiance en eux et affecter leurs relations futures avec les autres. L’isolement social, qu’il soit forcé par les autres ou choisi pour éviter la souffrance, est une conséquence fréquente de ce phénomène.

• Troubles du comportement et de la concentration :

  
  

Le stress constant lié au harcèlement peut entraîner des troubles du comportement. L’enfant peut devenir plus impulsif, avoir des difficultés à se concentrer en classe, ou même manifester des comportements d’évitement. Il peut refuser de se rendre à l’école, chercher à s’absenter régulièrement ou afficher un comportement agressif envers ses camarades.

Ces troubles sont souvent des tentatives de gestion de la souffrance intérieure.

• Troubles psychosomatiques :

  
  

Les enfants victimes de harcèlement peuvent développer des troubles psychosomatiques, c’est-à-dire des symptômes physiques qui sont liés à leur souffrance psychologique. Cela peut inclure des douleurs abdominales, des migraines, des nausées ou des tensions musculaires. Ces symptômes sont souvent la conséquence d’un stress constant et d’une anxiété mal exprimée.

3. Les conséquences à long terme

   
   

Les effets du harcèlement scolaire ne se limitent pas uniquement à l’enfance. Un enfant qui a été victime de harcèlement peut porter les séquelles de ces expériences tout au long de sa vie d'adulte. Des études ont montré que certains développeront des troubles de l’humeur, des phobies sociales ou des difficultés relationnelles.

Le harcèlement peut aussi influencer la manière dont l’enfant se perçoit dans ses relations amoureuses ou professionnelles, créant des schémas négatifs qui l’empêchent de s’épanouir pleinement. L’importance d’agir tôt pour soutenir l’enfant dans son rétablissement est donc primordiale.

4. Comment aider l'enfant victime de harcèlement ?

• Ecouter sans juger, rassurer, soutenir au quotidien

  L'enfant victime perd ses repères, sa confiance en lui, et très souvent n'exprime pas ce qui'l ressent de peur des représailles. Il est essentiel de lui faire comprendre qu'il n'est pas responsable de ce qui lui arrive et qu'il mérite d’être traité avec respect. Cela nécessite de gagner sa confiance, en accueillant son ressenti dans une écoute bienveillante, et une présence soutenue au quotidien.

  
  

• Informer l'établissement scolaire, signaler la situation

  Il est important d'informer les enseignants, les conseillers pédagogiques ou les responsables scolaires pour qu’une prise en charge adaptée soit mise en place. La vigilance des encadrants scolaires est indispensable afin d'objectiver la situation et prendre les mesures nécessaires afin que la victime soit protégée.

  En France, un numéro gratuit, le 3018, permet d'obtenir de l'aide face au harcèlement scolaire.

  Dans certains cas, il peut être nécessaire de porter plainte.

  
  

• Accompagnement psychologique de l'enfant victime et de l'enfant agresseur

  L'enfant victime a besoin d'un soutien extérieur et en toute neutralité pour surmonter son stress et pour l'aider à retrouver confiance en lui. Un psychologue l'aidera à dépasser le traumatisme vécu et retrouver un sentiment de sécurité dans l'environnement scolaire et dans ses relations aux autres.

  L'enfant "agresseur", lorsqu'il est reconnu comme tel, a besoin également d'être accompagné. En effet, le harcèlement est la conséquence d'un mode de relation au monde est aux autres qui dysfonctionne.

  
  

Le harcèlement scolaire est une réalité qui peut laisser des traces profondes, bien au-delà des murs de l'école. Face à cette violence insidieuse, des solutions existent. Les familles, les enseignants et les institutions ont un rôle clé à jouer pour briser le silence et accompagner les victimes.

La présence, l'écoute, la bienveillance et la détermination de l'entourage de la victime à la protéger, sont les meilleures armes pour l'aider à se reconstruire.